Cybersécurité : Protection des infrastructures vitale pour la résilience !
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Abdoul Aziz THIAW
Publié le 22 novembre 2024
Etude de cas : les ports de Tanger et de Dakar
Pourquoi devons-nous protéger nos infrastructures essentielles pour la résilience ?
Les ports sont des infrastructures vitales et stratégiques pour l’économie des pays, ils assurent la fluidité du commerce, de l’énergie et la connectivité avec l’international.
La souveraineté de nos nations nous obligent à assurer une protection suffisante de nos infrastructures critiques contre les menaces physiques et les cyberattaques potentielles.
Les ports de Tanger Med au Maroc et de Dakar au Sénégal représentent des icônes de la dynamique économique sous régionale en Afrique ce qui montre combien ces installations doivent être protégées pour assurer la stabilité et la poursuite des activités en cas de crise.
Ces infrastructures portuaires représentent des nœuds cruciaux du transit international dont la protection est indispensable pour limiter les risques économiques, sécuritaires et environnementaux auxquels elles sont exposées.
1. Les ports, en tant que domaines vitaux de l’économie et de la sécurité nationale, sont souvent considérés comme les « poumons économiques » des pays :
Les ports ont pour vocation de faciliter le passage des marchandises et des navires dans le sens de l’importation, l’exportation ou du transit de biens stratégiques en fournissant des produits de consommation et des matières premières vitales pour l’économie. Le port de Tanger Med est l’un des plus grands ports d’Afrique et de la Méditerranée, il joue un rôle essentiel dans la logistique mondiale en permettant les échanges entre le continent africain et le reste du monde par exemple, il contribue au PIB marocain en favorisant la compétitivité de l’industrie et de l’emploi marocains ainsi que la stabilité économique régionale.
De même, le Port de Dakar, carrefour du continent ouest-africain, est une plateforme logistique clé pour les pays de l’hinterland avec une extension de la connectivité régionale qui ouvre de nouvelles perspectives pour le développement de la capacité de production et d’exportation sur les marchés internationaux. En particulier, le Corridor-Est Sénégal-Mali-Burkina-Niger qui représente pour le Port de Dakar 95,2% du trafic de Transit, aujourd’hui le Port de Dakar domine le transit vers le Mali avec 68% contre 23% pour Abidjan son principal concurrent, mais ces infrastructures sont aussi vulnérables aux menaces modernes comme les cyberattaques, le sabotage physique, et les actes de terroriste. Cette multiplication des risques nécessite donc l’application de mesures de sécurité renforcées pour assurer leur résilience et leur bon fonctionnement en toutes conditions.
2. Menaces contemporaines : Cyberattaques et risques physiques
Les ports de Tanger et de Dakar font aujourd’hui face à diverses menaces, physiques ou numériques. La digitalisation de plus en plus de systèmes de gestion fait des ports modernes des cibles privilégiés pour les cybercriminels.
Une cyberattaque pourrait paralyser le système de gestion de conteneurs, compromettre les données d’entreprises transitant par le port, ou encore bloquer les opérations de transport. A titre d’exemple, l’attaque NotPety en 2017 a montré les conséquences dévastatrices de cybermenaces sur des infrastructures portuaires qui ont touché des géants tels Maersk ainsi que l’ensemble du réseau logistique mondial.
L’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (Djibouti Ports and Free Zones Authority (DPFZA) a été victime d’une cyberattaque revendiquée par le groupe criminel hashtag #RansomHub.
Le mercredi 28 août 2024, ce groupe, bien connu dans le milieu de la cybercriminalité, a divulgué des données sensibles appartenant à DPFZA.
Outre la sécurité physique, les ports sont également des cibles pour la piraterie, le sabotage et le terrorisme en général.
Les cargaisons de grande valeur comme les hydrocarbures ou stratégiques servent de ports de cibles aux malveillants. Ces installations doivent être protégées pour la pérennité économique ainsi que pour la protection des travailleurs, des communautés avoisinantes et des pays qui en dépendent.
3. Mes recommandations technologiques pour la Sécurisation des Ports
Pour protéger les ports qui sont des infrastructures vitales, nous proposons sur la base de notre expérience d’utiliser un ensemble de technologies avancées et solutions de sécurité qui permettent de prévenir ces menaces. Les ports de Tanger Med et de Dakar doivent être équipés de nombreux dispositifs de sécurité pour surveiller et contrôler l’ensemble de ses opérations. Parmi ceux-ci nous pouvons citer :
- Des systèmes de suivi des conteneurs et de gestion de flotte : Ces outils permettent de localiser et de suivre les conteneurs et véhicules en temps réel. Ils assurent une gestion optimale de la logistique et une surveillance constante du flux des biens.
- Unités de scannage mobile des conteneurs : Pour éviter toute tentative d’introduction d’objets ou de substances interdites, ces unités permettent une vérification approfondie des conteneurs sans déchargement et un contrôle rapide.
- Géolocalisation et contrôle des accès biométriques : Grâce à la distribution de badges aux employés et visiteurs ou aux points d’accès biométriques, ces solutions restreignent l’accès aux zones sensibles, notamment ainsi les risques d’intrusion et de sabotage.
- Des drones et bateaux autonomes de Surveillance : Des drones pourraient emmener les cargos dans des bateaux internationaux pour découvrir les zones explosives et détecter certains moteurs hostiles. Ils assurent une protection active en surveillant les zones maritimes sensibles et en respectant les itinéraires sécurisés.
- Radars Subaquatiques et Sonars Actifs : les ports de Tanger Med et de Dakar peuvent déployer des systèmes de détection sous-marine, notamment des radars et des sonars actifs, pour détecter les drones sous-marins. Ces systèmes sont équipés d’une capacité d’émettre des ondes acoustiques pour cartographier les objets en mouvement dans les profondeurs autour d’installations portuaires. Ils permettent la détection de drones, l’identification de leur trajectoire et dans certains cas l’évaluation de charges potentielles. Ce type de surveillance est pertinente dans les zones portuaires et les infrastructures pétrolières ou la sécurité doit être maximale.
- Capteurs Acoustiques et Réseaux de Surveillance Hydroacoustiques : Les capteurs acoustiques, souvent couplés à un réseau de surveillance hydroacoustique, permettent la détection de sons caractéristiques des moteurs de drones sous-marins. Ces systèmes de détection passifs prennent en compte les sons de manière continue et différencient les bruits normaux des moteurs sous-marins suspects. Lors de la détection d’un signal inhabituel, une alerte peut être envoyée aux équipes de sécurité pour évaluer la situation et prendre les mesures adéquates.
- Cameras Sous-Marines et Drones d’Inspection Autonomes : Les caméras sous-marines permettent une surveillance visuelle en temps réel des zones critiques autour du port. Si elles sont associées à l’un des systèmes d’IA capables de connaître des formes spécifiques, elles peuvent avertir qu’un objet suspect est repéré. De plus, les drones d’inspection autonomes déployés pour surveiller les abords des navires et des infrastructures peuvent effectuer une vérification visuelle et un rapprochement des objets détectés, identifier d’éventuelles menaces et recueillir les données nécessaires à une intervention immédiate.
- Intelligence Artificielle et Apprentissage Machine : Les systèmes de détection actuels peuvent être optimisés grâce à des algorithmes d’IA et de Machine Learning qui permettent de reconnaître les comportements et mouvements spécifiques de tout élément solide et de déclencher des alertes automatiques lorsqu’un élément solide se déplace en direction du port alors qu’il a désactivé son système d’identification automatique (AIS) ou d’une manière non conforme aux routes commerciales habituelles.
- Bouées de Surveillance Equipées de Capteurs Multi-Paramètres : Les boues de surveillance peuvent être déployées autour du périmètre du port et équipées de capteurs multi-paramètres pour la détection des drones sous-marins ou d’éléments solides. Ces bouées sont d’énormes capteurs de pression, de mouvements et acoustiques et constituant une barrière de détection autour des installations portuaires. Lorsqu’un drone s’approche, le réseau de bouées peut fournir des données précises de position et de direction pour permettre aux forces de sécurité de réagir rapidement.
- Systèmes de Neutralisation & Contre-Mesures : Une fois que des drones ou des Dark Ships sont détectés Il est possible d’utiliser des filets adaptés pour piéger les drones pour les empêcher d’atteindre leur cible. Il est aussi possible d’utiliser des brouilleurs acoustiques pour désorienter les drones en interférant avec leurs communications et les rendre donc inoffensives. Les ports doivent disposer de contre-drones sous-marins autonomes.
- Protocoles de Sécurité & Collaboration Intersectorielle : Last but not least, la sécurité portuaire contre les menaces des drones sous-marins nécessite une coopération des différents services et forces de sécurité. Les ports doivent coopérer avec les garde-côtes, la marine nationale et les services de renseignement afin d’échanger des informations et de coordonner les réponses aux menaces. Les protocoles d’alerte rapide et les procédures d’intervention inter agences renforcent la réponse à l’incident.
- Radar Maritime de Surveillance (MSR) : Les radars maritimes de surveillance peuvent détecter et suivre tous les flottants et navires sans AIS. Avec des capacités de détection allant jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres, ils peuvent identifier les navires qui embarquent volontairement sans leurs systèmes de communication.
- La redondance des infrastructures critiques qui supportent le système d’information portuaire, le Guichet Unique Portuaire (GUPE) et le Système Mondial de Détresse et de Sécurité en Mer (GMDSS) : la mise en place d’une redondance efficace sur ces trois composantes renforce la sécurité, la résilience et la continuité opérationnelle du port. Elle permet au port de mieux gérer les risques techniques et d’assurer des opérations fluides et sûres, même en situation de crise.
- Les Centre régionaux de réponse aux incidents de sécurité (CSIRT) : sont des centres de réponse aux incidents de cybersécurité qui soutiennent plusieurs pays d’une même région et ils devraient permettre de renforcer la collaboration entre les ports pour une plus grande résilience face aux nouvelles menaces sur les infrastructures portuaires.
4. La résilience : Garantir la continuité des activités portuaires
La résilience des activités portuaires c’est assurer de maintenir les opérations portuaires même en cas de perturbations majeures. Une infrastructure résiliente peut atténuer les effets d’un incident et reprendre rapidement les activités à la normale. La mise en œuvre des protocoles d’urgence et de continuité d’activité, les formations réglementées des personnels, les simulations de crise des ports de Tanger et de Dakar permettent d’avoir une résilience et une continuité des services.
En anticipant ces menaces et en planifiant des réponses appropriées, les ports pourraient réduire les conséquences d’un éventuel incident et sécuriser leurs partenaires commerciaux.
5. Collaboration et partenariats pour renforcer la sécurité portuaire
La Sécurité des infrastructures portuaires dépend également de la collaboration des gouvernements, des organismes de sécurité et des entreprises privées. A titre d’exemple, le port de Tanger Med coopère avec les autorités marocaines et avec des partenaires internationaux pour partager les ressources et informations afin de renforcer ses capacités de détection et de réaction aux incidents.
De la même manière, au Sénégal, le Port Autonome de Dakar travaille en coopération avec des agences locales et internationales pour améliorer la sécurité de ses infrastructures et des zones maritimes environnantes. Ces collaborations public-privé permettent notamment l’intégration de nouvelles technologies, l’application de bonnes pratiques et l’amélioration de la formation des équipes de sécurité.
6. Conclusion
Sécuriser les infrastructures critiques telles que les ports de Tanger et de Dakar est d’une importance capitale pour la résilience de l’afrique ainsi que pour la continuité des activités économiques et logistiques. Les menaces, physiques et cyber, nécessitent une attention continue et le déploiement de technologies avancées pour la protection stratégique des installations.
En améliorant la sécurité des ports et en maintenant une capacité de réponse aux crises, ces deux ports peuvent rester des outils fiables pour la croissance économique de leurs pays respectifs et la stabilisation régionale.
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