Le Maroc, cible d’une guerre informationnelle : entre narratifs hostiles et réalité d’unité nationale
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Le Maroc, cible d’une guerre informationnelle : entre narratifs hostiles et réalité d’unité nationale
Kamal Akridiss, président @R.O.C.K. Institute
Publié le 21 septembre 2025

Une guerre informationnelle qui s’intensifie
Le Maroc est aujourd’hui au centre d’une guerre informationnelle et cognitive qui ne dit pas son nom mais dont les conséquences sont de plus en plus visibles. Cette guerre ne se manifeste pas par des bombes ou des invasions. Ses armes sont les histoires, les images, les sensations. Son champ de bataille n’est pas géographique, mais informationnel et psychologique. Il ne s’agit pas de prendre une capitale, mais de prendre les esprits, de semer le doute, de polariser, d’ébranler la confiance.
Dans ce genre de guerre, la vérité objective compte moins que la perception. Les acteurs malveillants jouent sur les biais cognitifs les plus courants : peur de l’étranger, sentiment d’injustice sociale, angoisse identitaire. Ils font des faits divers des généralités, montent des polémiques de toutes pièces et construisent des narratifs pour déstabiliser le Maroc. La question migratoire, et notamment la présence des communautés subsahariennes, est instrumentalisée pour exacerber ces tensions. Les migrations servent de prétexte à un storytelling négatif où le Royaume serait débordé, instable ou cynique dans ses rapports avec ses voisins européens.
Le Maroc est visé car sa stabilité politique fait figure d’exception dans une région turbulente. Sa diplomatie offensive en Afrique, qu’elle soit économique, religieuse ou sécuritaire, renforce son influence et donc sa vulnérabilité. La monarchie, institution centrale, est symbole de continuité, d’unité et de résilience. Décrédibiliser son image, c’est s’attaquer au fondement de l’unité nationale. C’est pour cela qu’elle est une cible symbolique de cette guerre invisible.


Ces campagnes haineuses ne sont pas spontanées. Elles sont le fait de stratégies structurées d’ingérence informationnelle. Les réseaux sociaux servent de caisse de résonance, des images truquées ou sorties de leur contexte se propagent, des deepfakes et des histoires fragmentées alimentent la confusion. Il ne s’agit pas de persuader par des arguments, mais d’user les esprits par la répétition, de rendre floue la frontière entre vérité et mensonge et d’instaurer un climat d’incertitude permanente.
Dans ce cadre, la migration subsaharienne a une place spécifique. Ce sujet parle au cœur. La peur de l’autre, la crainte d’une compétition pour les ressources, la défense de l’identité nationale sont des moteurs puissants pour fabriquer des divisions. Même lorsqu’ils ne reflètent pas la réalité marocaine, ces récits résonnent sur les réseaux et nourrissent des perceptions négatives à l’étranger. L’information devient alors une arme de déstabilisation massive, capable de ternir l’image du Royaume à l’étranger et de semer la confusion au sein de la population.
Le Maroc est donc dans une guerre invisible mais vitale pour son image, sa stabilité et sa souveraineté. Comprendre cette logique de guerre cognitive est un premier pas pour y faire face. La réponse peut être la réaction à chaud. Elle doit être de construire un contre-récit fort, ancré dans le vécu des citoyens et des habitants. Les images de Casablanca, où Marocains et Subsahariens ont fêté ensemble la visite royale, en sont la meilleure illustration. Elles soulignent que malgré les manœuvres et les agressions informationnelles, la réalité sur le terrain témoigne d’un Maroc stable, uni et respecté.
Les narratifs hostiles sur l’immigration subsaharienne
La guerre informationnelle contre le Maroc se nourrit de la question migratoire, et plus précisément de la présence subsaharienne. Plusieurs récits hostiles sont régulièrement véhiculés. Le premier est de dépeindre le Maroc comme un territoire de refoulement, où les migrants seraient victimes de discriminations généralisées et où la violence serait le maître mot. Ce récit passe sous silence le fait que le Royaume a régularisé plus de 50 000 migrants lors des campagnes de 2014 et 2017, une initiative inédite en Afrique, qui a permis à des milliers de personnes d’accéder à la santé, à l’éducation et à la formation professionnelle.
Un deuxième récit, porté par la presse étrangère et relayé sur les réseaux sociaux, met en avant l’idée que le Maroc utiliserait la migration comme une arme politique, notamment contre l’Europe. En 2021, lors des événements de Ceuta, ce discours a été largement repris, alors que les flux migratoires sont un phénomène structurel, non réductible à une stratégie conjoncturelle. En termes d’analyse cognitive, ce récit fonctionne car il transforme une attitude diplomatique en chantage supposé, renforçant l’image d’un Maroc opportuniste et menaçant.
Le troisième discours tente de dépeindre la migration subsaharienne comme une menace pour l’harmonie sociale et culturelle marocaine. D’après une étude de l’Union africaine de 2022, plus de 40 % des campagnes de désinformation en Afrique de l’Ouest et du Nord s’appuient sur des thématiques identitaires et migratoires. Au Maroc, ce type de contenu joue sur la peur de l’insécurité, la peur du chômage et les tensions culturelles, alors que dans les faits, la présence subsaharienne demeure marginale par rapport à la population totale et qu’aucune statistique ne démontre une hausse de la criminalité due à cette immigration.
Ces récits hostiles ne se propagent pas spontanément. Ils sont portés par des réseaux numériques identifiés, Twitter, Facebook, TikTok servant de relais. D’après le rapport « Digital 2024 » de We Are Social et Hootsuite, plus de 23 millions de Marocains sont actifs sur les réseaux sociaux, un terrain propice aux campagnes de manipulation. Vidéos sorties de leur contexte, photos truquées, rumeurs virales y circulent à toute vitesse. L’efficacité de ces histoires tient à la vitesse de propagation et à l’instrumentalisation émotionnelle : un contenu scandaleux est partagé avant d’être vérifié, une perception se crée et finit par s’imposer.
Nous sommes là au cœur de la guerre cognitive. Il ne s’agit pas d’informer mais de faire croire, de transmettre une réalité objective pour une réalité subjective. Le Maroc est visé car son image est stratégique. Sa stabilité politique, son poids africain croissant et le rôle de sa monarchie comme ciment social le rendent sensible aux campagnes de déstabilisation de son capital symbolique.
Casablanca : la réalité d’un Maroc ouvert et uni

La visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Casablanca, il y a quelques jours, a été une démonstration éclatante de la réalité marocaine. Les artères de la capitale économique étaient bondées de monde, dans un élan populaire qui reflète l’attachement des citoyens à leur Souverain. Cet élan n’est pas passager : il exprime une fidélité profonde et un lien unique entre le Roi et son peuple.

Ce qui a frappé les esprits, c’est aussi la passion des résidents subsahariens au Maroc. Leur contribution à l’accueil royal, à travers des danses, des chants et une énergie contagieuse, a été largement partagée sur les réseaux sociaux. Ces photos témoignent d’un Maroc pluriel et hospitalier, loin des discours haineux qui tentent de faire de la migration subsaharienne un facteur de division et de rejet.
En quelques minutes de liesse filmées et diffusées sur les réseaux sociaux, c’est toute une vérité qui s’est révélée : le Maroc n’est pas un pays fracturé, mais une société ouverte où la diversité culturelle se vit au quotidien comme une richesse. Cette scène illustre que la monarchie n’est pas seulement une institution politique, mais un ciment social et symbolique qui rassemble Marocains et étrangers autour de valeurs communes de stabilité, d’unité et d’ouverture.
La guerre cognitive : manipuler les émotions
La guerre cognitive se fonde sur un principe simple mais dévastateur : ce ne sont pas les faits qui déterminent les opinions, mais les émotions qu’ils provoquent. Les ennemis du Maroc le savent et jouent toujours sur les cordes les plus sensibles. La peur du changement démographique sert à attiser la peur d’un changement identitaire. L’inquiétude économique est exploitée pour alimenter le fantasme que la présence subsaharienne aggraverait le chômage et la précarité. L’identité est surjouée pour nourrir des discours de rupture culturelle et de rejet de l’autre.
Il ne s’agit jamais de rendre compte d’une réalité objective mais d’exagérer les perceptions négatives, de polariser le débat public et d’installer l’idée que la migration est une menace existentielle. Ces techniques exploitent les biais cognitifs : l’effet de répétition qui transforme une rumeur en “vérité” partagée, le biais de confirmation qui fait que chacun ne retient que ce qui conforte ses craintes, et l’effet de disponibilité qui fait qu’une vidéo choquante, même isolée, occupe plus de mémoire collective qu’une statistique positive.
Mais, la dernière visite royale à Casablanca prouve que cette machine à manipuler peut être déjouée. Les photos qui ont fait le tour du monde n’étaient pas celles de rejet ou de tension, mais de joie partagée, de Marocains et de Subsahariens célébrant ensemble le Roi. Ces séquences ont suscité fierté, joie et cohésion, annihilant de facto les narratifs hostiles.
Dans une perspective cognitive, ces instants agissent comme un antidote émotionnel. Ils réveillent des sentiments positifs – loyauté, attachement, cohésion – qui s’opposent aux émotions négatives entretenues par les ennemis. La guerre informationnelle n’est donc pas toute-puissante. Elle peut se retourner contre ceux qui la mènent, si on avance des faits concrets et des symboles forts. Casablanca l’a prouvé : contre les récits ennemis, la réalité du peuple et de la monarchie est le meilleur rempart.
Les preuves d’une offensive structurée
Les attaques informationnelles contre le Maroc ne sont pas fortuites ni des phénomènes viraux. Elles s’intègrent dans des attaques organisées qui visent les États les plus influents politiquement, sécuritairement et identitairement. La France a identifié en 2024 plus de 300 campagnes de désinformation étrangères, dont la plupart instrumentalisait les questions migratoires et identitaires, confirmant que ces thèmes sont devenus des leviers privilégiés pour fracturer la cohésion nationale et éroder la confiance dans les institutions.
En Afrique, les cas du Mali et du Niger sont édifiants. Ces nations ont été déstabilisées par la propagation de récits hostiles, souvent véhiculés par des acteurs externes, qui ont semé la méfiance et préparé le terrain à des bouleversements politiques. L’information est une arme, elle peut diviser, déstabiliser, retourner des opinions publiques contre leurs propres institutions.
Dans ce cadre, le Maroc est une proie toute désignée. Son statut de pays de transit, d’accueil et d’intégration migratoire le positionne au centre des enjeux régionaux. Sa stabilité politique et son système de gouvernance tranchent avec les faiblesses de ses voisins, ce qui en fait un acteur à part, mais également une cible pour ceux qui veulent déstabiliser. Les ennemis savent que toucher à l’image du Maroc, c’est toucher à son soft power et à son rayonnement africain et international.
Les campagnes haineuses qui se propagent ciblent donc moins les migrants subsahariens que l’image du Maroc. Elles veulent faire croire à un pays à vif, incapable de maîtriser ses équilibres, et faire d’une politique d’intégration d’avant-garde une source de divisions supposées. Il ne s’agit pas d’informer mais de manipuler. En guerre cognitive, la perception l’emporte sur la réalité. C’est cette guerre invisible que le Maroc doit mener, en acceptant d’être une cible stratégique mais également en jouant de ses forces pour faire de cette vulnérabilité un atout d’influence.
Implications régionales et internationales
Au niveau régional, la guerre informationnelle contre le Maroc doit être replacée dans le contexte des changements politiques en Afrique, notamment au sein de l’Alliance des États du Sahel. Dans ces pays, les récits hostiles ont prospéré, alimentant la méfiance envers les institutions, ébranlant les modèles démocratiques et justifiant des ruptures de pouvoir violentes. Là où des régimes se sont effondrés face à des campagnes informationnelles élaborées, le Maroc a tenu en renforçant un modèle alternatif. Sa politique migratoire, établie sur deux grandes vagues de régularisation et sur une intégration progressive des communautés subsahariennes, fait figure d’exception africaine. Elle lui permet de se positionner non pas comme un pays affaibli par la migration, mais comme un pays pionnier qui en fait un outil d’influence et de stabilité. Cette reconnaissance renforce le Maroc dans son rôle de hub africain et de partenaire fiable et incontournable pour l’Europe qui perçoit le Royaume comme un acteur capable de conjuguer sécurité et ouverture.
Sur le plan international, la dernière visite royale à Casablanca et les images qui en ont résulté sont un capital stratégique de premier ordre. Elles soulignent que la monarchie marocaine demeure aimée par son peuple et respectée par les communautés étrangères vivant sur son territoire, notamment les résidents subsahariens qui ont célébré ce moment avec enthousiasme. Ces séquences renvoient l’image d’un Maroc uni, ouvert et attaché à son identité plurielle. Dans un monde où la force ne se calcule plus seulement en dollars ou en missiles mais également en images, en soft power, en symboles, ces images sont des armes stratégiques. Elles prouvent que le Maroc sait allier tradition et modernité, identité nationale et pluralisme culturel, autorité royale et adhésion populaire.
En conclusion, les enjeux de cette guerre informationnelle vont au-delà du simple niveau national. Elles mettent en jeu l’image du Maroc en Afrique, où il se présente comme un exemple d’intégration et de stabilité, et dans le monde, où il se montre comme un acteur résilient face aux manipulations cognitives et porteur d’un récit positif et inclusif. Cette double dimension, régionale et mondiale, consolide l’importance stratégique du Royaume et confirme que sa lutte contre les récits hostiles est également une occasion de leadership.
Conclusion : Le Maroc, victime mais aussi résilient
Il est clair que le Maroc subit aujourd’hui une guerre d’information et d’idées qui devient de plus en plus forte. Les récits hostiles qui circulent sont vrais, complexes et diffusés par des groupes organisés qui utilisent la migration d’Afrique subsaharienne pour diviser. L’objectif est clair : diviser le pays, abîmer sa réputation dans le monde et réduire son influence en Afrique.
Mais, la vraie vie au Maroc, montrée par des moments de rassemblement populaire comme la visite récente du roi à Casablanca, prouve clairement que ces histoires fausses sont fausses. L’enthousiasme des citoyens, avec la joie des habitants d’Afrique subsaharienne qui ont fêté le Roi par la musique et la danse, montre un pays ouvert, uni et sûr de sa monarchie. Cette séquence est plus qu’un simple geste officiel : elle montre une autre histoire forte, qui peut arrêter les fausses informations en montrant une réalité vécue et partagée.
Le Maroc subit une guerre cachée, mais il montre aussi qu’il tient bon. Il a des institutions solides, une monarchie respectée et une société qui sait faire de la diversité une force au lieu d’une division. Ces forces, si on les utilise bien, peuvent aider le Royaume à passer d’une position de défense à une position d’action. Il ne faut plus seulement repousser les attaques, mais également créer un message positif basé sur l’unité, l’ouverture et la stabilité, qui s’impose dans la région et dans le monde.
Au final, Casablanca n’est pas juste une scène populaire. Elle montre clairement que le Maroc a une arme plus puissante que les attaques : la confiance de son peuple et le soutien de ceux qui vivent sur son territoire. En faisant de cette réalité un outil de communication stratégique, le Royaume peut changer sa faiblesse en force d’influence et renforcer son rôle de leader régional et africain contre la guerre d’information et cognitive.
Sources :
- Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et Ministère marocain chargé des MRE.
- Lors de l’afflux migratoire à Ceuta en mai 2021, la presse espagnole et européenne a parlé d’“instrumentalisation” des migrants par le Maroc.
- DataReportal – Digital 2024: Morocco (Datareportal).
- https://www.mapexpress.ma/actualite/activites-royales/sm-roi-inaugure-visite-plusieurs-projets-denvergure-inscrits-cadre-restructuration-du-developpement-du-complexe-portuaire-casablanca/
- https://www.pointdevue.fr/royal/maroc/inauguration-a-casablanca-mohammed-vi-mise-sur-un-complexe-portuaire-pour-moderniser-le-maroc
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